Les derniers voyages d’Alfred Métraux

6 -Fernande en pirogue vers Pucallpa


Pucallpa sur le Rio Ucayali, affluent de l’Amazone : « Les yeux des alligators brillent violemment… »


En pirogue sur la lagune

23h Retour d’une promenade en pirogue sur la lagune à la chasse aux alligators… Du lac montait une brume épaisse
de sorte que nous glissions sur l’eau comme emprisonnés dans les vapeurs que celle-ci dégageait.

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Aux vapeurs épaisses s’ajoutaient des nuées de moucherons... Les yeux des alligators brillent violemment dans la nuit à la manière des chats, éclat jaune, verdâtre ou orange. Ils sont près des bords ou même sur ceux-ci, surtout quand ils sont marécageux, dans cet élément ambigu qui n’est pas la terre ferme et qui n’est déjà plus l’eau. On va droit vers eux. Leurs yeux brillent sous l’éclat du prospecteur du bateau (grosses lampes) et on les embroche sur un trident
… tout cela donne un sentiment de vie grouillante pleine de traîtrise et de périls assez bouleversante. Je suis dans un univers lointain et intense.


Le 30 août sur l’Amazone jusqu’à Exito

Je m’entends avec le patron d’une barque pour qu’il me fasse faire l’aller et retour au village où il se rend pour la journée… le village d’Exito où de mémoire d’homme, il semble qu’on n’ait jamais vu de gringo. Le village est sur une éminence au-dessus du fleuve.

Au retour d’Exito

Me voilà seule sur l’Amazone avec les deux marins de la lancha, en caleçons et qui gentiment, par égard pour moi, enfilent discrètement leurs pantalons. Tout à coup panne,

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plus d’essence dans le moteur. Ils ne s’affolent pas, parviennent à gagner une rive, sollicitent d’un riverain les quelques litres nécessaires au retour.. J’arrive à Pucallpa comme la nuit tombe. Pâleur du ciel sur lequel se détachent intensément les maisons, le fleuve lisse.