Les derniers voyages d’Alfred Métraux

1 - Embarquement pour les Antilles


Alfred Métraux et Fernande Schulmann embarquent à Brooklyn sur le cargo Aegis


Préparatifs du voyage

Mercredi 14 juin, Washington
A propos de la difficulté que je vais trouver à rentrer en Europe depuis Haïti, A. évoque plaisamment l’histoire de Caraban le têtu de Jules Verne, illustré par Riou dans la belle édition à tranche d’or : Caraban riche Turc se refuse à payer la taxe sur les caïques et pour rentrer dans sa propriété de l’autre côté du Bosphore, fait en deux ans le tour de la Mer Noire, puis pour s’en retourner se fait charger sur une brouette par un danseur de corde et enfin rachète l’impôt au sultan.

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A. très excité parce que contrairement à ce qu’il avait toujours pensé, il semble que pour la première fois on ait des preuves à peu près irréfutables d’une invasion malaise vers 2e siècle avant notre ère sur la côte du Pérou – même forme de maison – même appuie-tête ignoré en Amérique latine – tout cela vers les lieux mêmes de la côte où aboutissent les courants.


Embarquement à Brooklyn, sur l’Aegis

23 juin 1961, Brooklyn
« Départ de Brooklyn le 23 juin sur le cargo Aegis de la Netherland Steamship Company. (…)
Grande joie d’être dans ce monde de navires, ce monde qui paraît vieillot et littéraire, mais qui existe encore à condition d’en être par le fait d’un billet de bateau… »

Une rencontre

En mer, sur l’Aegis, mardi 27 juin 1961
Au cours de cette traversée sans histoire, je me suis lié avec W. Herbert L. Allsopp, officer for fishering research, department of Agriculture, Georgetown (…) Il m’engage à tenter un séjour dans le district de Kamaran. C’est la région des [monts] Raroima et des Indiens Potomona. Grande hésitation : priver Fernande de la Robinsonade à La Tortue ; risquer des attentes et des pertes de temps. La facilité d’une solution, l’enthousiasme sauvage, presque enfantin, à la perspective de voir des Indiens. Je suis en proie à la plus violente des indécisions, qui me gâte ce dernier jour en mer, si demain nous débarquons.